Marina Ginestà

C’est l’une des photographies les plus emblématiques de la guerre civile espagnole. Marina Ginestà avait seulement 11 ans quand elle est arrivée à Barcelone. Sa vie était totalement différente de celle des enfants d’aujourd’hui. Et pour cause, on était en 1930. Retour sur l’histoire de cette icône devenue figure de la lutte anti-fasciste.

Nicola Lopez
4 min readMar 19, 2021

Marina Ginestà était une militaire et militante républicaine espagnole d’origine française durant la guerre civile de 1936, et membre de la JSU (Jeunesse socialiste unifiée) et de la CNT (Confédération nationale du travail).

Elle est devenue célèbre pour la photo que Juan Guzmán a prise d’elle, le 21 juillet 1936, sur le toit de l’hôtel de Colom de la Plaça de Catalunya, lors du soulèvement militaire de juillet à Barcelone.

Elle avait 17 ans lorsqu’a été prise sa photo. Sur le toit de l’hôtel de Colom de la Plaza Catalunya, fusil à l’épaule et livret de jeunesse socialiste dans la main, la jeune fille croit à la révolution. Dans son uniforme de milicienne, elle offre son sourire au photographe Juan Guzman. A ce moment-là, postée sur les hauteurs de l’hôtel de Colom, Marina Ginestà ne peut imaginer l’ampleur que va prendre sa photo.

Dès 1936, le cliché fait le tour du monde mais il faudra attendre 70 années avant de retrouver le modèle qui pose cheveux au vent. Elle racontera en 2008 que les gens lui avait trouvé un regard orgueilleux. « J’étais peut être un peu trop inspirée des images hollywoodiennes comme Greta Garbo y Gary Cooper », avait-elle déclaré. La photo, devenue iconique, deviendra la page de couverture du roman historique « Treize Roses Rouges » de Carlos Fonseca et de l’ouvrage « La guerre d’Espagne » de Burnett Boloten.

Ginestà et son frère.

Ginestà est née à Toulouse, le 29 janvier 1919, dans une famille ouvrière de gauche qui avait émigré en France depuis l’Espagne. Elle a un frère et ses parents étaient tous deux tailleurs : Empar Coloma Chalmeta, de Valence, et Bruno Ginestà Manubens, de Manresa.

Elle a déménagé à Barcelone avec ses parents à l’âge de 11 ans. Ginestà a rejoint plus tard le Parti socialiste unifié de Catalogne.

Lorsque la guerre a éclaté, elle a été journaliste et traductrice pour aider Mikhail Koltsov, correspondant du journal soviétique Pravda.

Dans l’hôtel de Colom, la jeune militante y croit dur comme fer. Comme les opposants barcelonais au régime du dictateur, pour eux, l’espoir est encore permis. « On pensait que la République reviendrait en Espagne et que Franco serait fusillé ». Un espoir qui prendra fin après trois années de guerre civile puisque les forces de Franco finiront par l’emporter.

Avant la fin de la guerre, Ginestà est blessée et évacuée vers Montpellier.

La France étant occupée par les Allemands en 1940, elle s’enfuit en République dominicaine. En 1946, elle a été forcée de quitter le pays en raison de la persécution du dictateur Rafael Trujillo et a déménagé au Venezuela.

Avec la victoire de Franco, les Catalans républicains ont le choix entre la mort ou l’exil. Nombreux sont ceux qui trouveront refuge en France. C’est le cas de Marina Ginestà. Mais la France n’est qu’une escale. Elle décide de partir en République Dominicaine où elle rencontre son premier mari. Presque trente années après son exil en Amérique Latine, l’icône est de retour en Espagne. Mais il y a comme un goût amer.

Le souvenir de ses camarades, ses compagnons de résistance qui ont pour la plupart péri, continue de flotter dans l’air. Une vie dans l’exil qu’elle n’avait jamais soupçonnée. Pour elle, la victoire était à portée de main. «Nous avions le sentiment que la raison était avec nous, et que l’on finirait par gagner la guerre. Nous n’avions jamais pensé que nous finirions par vivre à l’étranger».

En 1949, elle revient en France.

Marina Ginestà est décédée le 6 janvier 2014 à Paris à l’âge de 94 ans.

Photographie prise par Juan Guzmán.

Couleur : https://www.facebook.com/JJcolorization/

Extraits tirés de l’article de LAURIANE HUGUET, journaliste et chroniqueuse Equinox Radio Barcelone, originaire de Paris.

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